Le groupe thématique MACCA a comme projet d’appréhender l’impact des mutations actuelles (mondialisation, financiarisation, digitalisation, mais aussi développement de l’innovation, de la responsabilité sociétale des entreprises, de l’économie sociale et solidaire, de l’économie circulaire et collaborative, etc.) sur l’apprentissage et la formation au management. En effet, ces mutations sont à l’origine du développement de nouvelles pratiques gestionnaires (stratégiques, managériales, nouvelles formes organisationnelles, etc.) qui transforment le fonctionnement des organisations. Il nous revient alors, en tant qu’enseignant-chercheur, d’analyser et de questionner ces nouvelles pratiques et leur enseignement au sein des institutions (universités, écoles, notamment).
Sur le plan académique, nombre d’auteurs s’accordent à dire que nous vivons des mutations profondes (Barry et Hansen, 2008,) touchant aussi bien la stratégie, le management que le fonctionnement des organisations (Mintzberg, 2005, Dupuy, 2015, Saives et al., 2017) Pour faire face à ce changement de paradigme, ainsi qu’à l’incertitude et aux mutations profondes de l’environnement, il est alors important de questionner et de porter un regard critique sur les pratiques gestionnaires (Chanlat, 2015) ainsi que de placer, ou replacer, les capacités d’apprentissage (Clarke et Clegg, 2000, Kolb et Kolb, 2005), de réflexivité (Cunliffe, 2003, Sainclair, 2007), de créativité et d’innovation (Adler, 2011, Amabile et Pratt, 2016) au coeur du fonctionnement des organisations.
Par ailleurs, sur le plan de l’enseignement, l’essor d’un monde multiculturel, virtuel, connecté dans lequel évoluent les étudiants (Serres, 2012) nous invite à repenser la conception et la portée de nos enseignements en Sciences de Gestion. Ces mutations, liées à la large diffusion des connaissances et des savoirs, amènent à nous engager dans une démarche d’innovation pédagogique (Antonacopoulou, 2010, Dehler et Welsh, 2014). Parmi les méthodes, supports et outils innovants développés ces dernières années nous trouvons les méthodes issues de l’art (écritures créatives, théâtre, performances, photo, vidéo, fiction, etc.) ou importées d’autres domaines scientifiques (la psychologie, l’histoire, les neurosciences, la biologie, etc.), les outils ludopédagogiques (jeux de simulation, jeux de rôle, jeux de construction, serious games, etc.) pour ne citer qu’eux. Ces démarches innovantes nous amènent ainsi repenser nos enseignements en Sciences de Gestion, tant sur la forme que sur le fond, pour encourager la réflexivité (Statler, 2014) et la créativité (Edwards et al. 2015) des apprenants.
Enfin, comme le soulignent Pettigrew et Starkey (2016), il est important d’interroger la légitimité et le rôle des institutions traditionnelles (universités, écoles) ainsi que leur capacité à se renouveler face aux enjeux contemporains. Les pédagogies innovantes, si elles affectent le cadre institutionnel dans lequel elles interviennent (Rousseau, 2012), sont également en mesure de questionner le soutien apporté par ces institutions pour en favoriser le développement. Elles sont également susceptibles de remettre en cause les universités et écoles comme lieux traditionnels d’apprentissage du management, pour ouvrir sur d’autres lieux tels que le théâtre, les villes, les musées, les fablab, les espaces de co-working, etc., dans lequel elles peuvent être mises en oeuvre. Il importe aussi d’apprécier comment le positionnement de ces lieux d’apprentissage, traditionnels ou non, affecte le rôle et la place des apprenants dans le processus de construction, d’acquisition et de transmission des savoirs à la fois pratiques et théoriques (Dehler et Welsh, 2013).
Questions de recherche en lien avec les trois axes évoqués précédemment (les pratiques managériales et leur enseignement, les méthodes et approches pédagogiques innovantes, le rôle et l’engagement des institutions d’apprentissage et de formation) liste non exhaustive :
- Pourquoi est-il important d’apprendre le management « autrement » ? Quels effets cherche-t-on à produire ?
- Quel regard porte-t-on sur nos pratiques d’enseignant-chercheur ?
- Quelle pratique gestionnaire doit-on enseigner et quelle responsabilité de l’enseignant-chercheur face aux enjeux socioéconomiques contemporains ?
- Pourquoi et comment favoriser la pensée critique et réflexive ?
- Quelle serait la philosophie de la connaissance qui sous-tend les approches créatives et critique de l’apprentissage du management ?
- En quoi consistent ces approches et outils créatifs et critiques ?
- Quel(s) effet(s) peut-on attendre de ces nouvelles approches d’apprentissage ?
- En quoi sont-elles différentes des approches communes ou comment font-elles la différence ?
- A quels objectifs de formation ou d’acquisition de savoirs, compétences, habiletés ces méthodes ou programmes innovants répondent-ils ?
- Comment ces méthodes s’intègrent-elles aux différents programmes et cursus de management (formation initiale, MBA, DBA, formation continue, formation professionnelle, etc.) ?
- Comment nos structures et institutions d’enseignement (universités, écoles) peuvent-elles soutenir ce type de démarche ? A quelles fins ?
- Quel est le rôle des institutions comme lieu d’apprentissage (université, entreprise) ?
- Quels lieux pour apprendre ? Quels liens entre ces différents lieux ?
Au delà de la volonté première de créer une communauté pour enrichir les débats sur la thématique de l’apprentissage et de la formation au management afin de répondre aux enjeux économiques et sociétaux contemporains, le groupe thématique a aussi pour objectif de valoriser des travaux scientifiques sur ce sujet. Ainsi, sur les trois grands axes de recherche identifiés précédemment le groupe thématique sera un support de discussion à des contributions académiques, notamment lors de la conférence annuelle de l’AIMS. Le groupe thématique se donnera également comme objectif de valoriser le partage d’innovations pédagogiques sur la thématique de l’apprentissage et de la formation au management lors d’ateliers pré-conférence ou au cours de rencontres en dehors de la conférence annuelle.
Enfin, afin de souligner l’importance de la thématique portée par ce groupe et ses enjeux dans le monde académique, il est à noter que d’autres associations académiques nationales et internationales se sont saisies de ce sujet sous des angles divers. Ainsi l’AGRH propose depuis 2016 un GRT (Groupe de Recherche Thématique) « innovations pédagogiques » portant sur les méthodes d’enseignement permettant d’impliquer les étudiants et sur l’utilisation du numérique. L’AIM (Association Information et Management) propose depuis 2016 une session thématique sur l’enseignement. EURAM consacre un standing track sur la thématique « Teaching and learning with a difference ». L’AOM a développé une conférence dédiée à l’enseignement « AOM teaching and learning conference » en réponse aux besoins de ses membres, se positionnant ainsi comme « a global leader in management teaching in addition to its current leadership role in management education research ».